Nami : la vague du japonisme
Sur le koinobori Kokoro est dessiné un petit cœur qui était à prendre, voilà qui est fait avec l’arrivée très attendue du koinobori Nami (= vague en japonais) qui vient agrandir la famille ! Inspirée par La grande vague d’Hokusaï pour créer ce nouveau koinobori taille M, Madame Mo n’aura pas été la première à succomber au Japonisme. En cette rentrée vivifiante, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir les œuvres des artistes influencés par la civilisation et l’art japonais.
Photo via midetplus.fr
CHINOISERIE, À LA SOURCE DU JAPONISME
Quand on retrace leur histoire, les artistes occidentaux avaient déjà succombé à l’exotisme de cultures lointaines. Au XVIIIe siècle, nombre d’entre eux se prirent de passion pour l’Extrême-Orient, la Chine en particulier. Existant depuis l’Antiquité, cet attrait pour les «chinoiseries» arrive à son apogée entre le XIVe et le XVIIIe siècle, laissant un petit goût rococo et parfois excentrique à certaines œuvres. La Chine fascine par son imagerie et ses symboles et les artistes se prennent à peindre un pays imaginaire figuré ou fantaisiste en donnant la part belle aux contrastes et à l’asymétrie dans la composition de leurs tableaux.
Le Jardin chinois, François Boucher (1703-1770)
ORIENTALISME, PÈRE DU JAPONISME ?
Lassés des chinoiseries, les artistes furent ensuite séduits par la promesse des cultures orientales : Afrique du Nord, Turquie et toutes les régions dominées par l’Empire ottoman, jusqu’au Caucase. Un nouvel horizon à conquérir pour ces peintres en quête de toujours plus d’exotisme. Cette nouvelle vague orientaliste déferle sur l’architecture (La Maison mauresque à Valence), la musique (Georges Bizet : Les adieux de l’hôtesse arabe), la littérature (Gustave Flaubert : Salammbô), la poésie (Victor Hugo : Les Orientales) et bien sûr, la peinture (Eugène Delacroix , Jean-Auguste-Dominique Ingres, Vassily Kandinsky, Paul Klee...). Certaines des peintures de style oriental oscillent entre réalité et imaginaire car tous les artistes ayant, à cette époque, représenté l’Orient , n’avaient pas obligatoirement voyagé dans les pays évoqués. Mais la majorité avait quand même fait le déplacement, ramenant de leurs longs voyages des carnets de croquis dans lesquels ils puisèrent longtemps leur inspiration.
Jean Auguste Dominique Ingres, La Grande Odalisque (1814), Paris, musée du Louvre.
ARTS JAPONAIS, PRESCRIPTEURS DE TENDANCES DEPUIS 1860 !
Puis arriva la grande vague japonaise ! Né de l’influence des œuvres et des objets d’art du Japon en Occident, le Japonisme vivra ses plus belles années dans la seconde moitié du 19ème siècle : une grande mode de l’époque ! D’abord inspirés par les céramiques, puis les laques, les soieries, les livres japonais et les estampes, les artistes occidentaux s’enthousiasment pour l’art nippon dans de nombreux domaines. L’écrivain Raymond Isay dira : « le Japon a été l’équivalent de la découverte d’un continent esthétique nouveau ».
Mais à la différence des artistes marqués par les Chinoiseries ou l’Orientalisme, ceux marqués par le Japonisme avaient la volonté de trouver de nouvelles expressions picturales : couleurs, perspectives, formats, agencement des formes vinrent bouleverser les codes picturaux en place. Ce fut une onde de choc qui proposa un nouvel éclectisme et qui se prolongea jusqu’à la période Art déco.
En 1867 se créera même un cercle d’artistes appelé «Société japonaise du Jinglar» dont l’objectif était d’assurer la promotion du renouvellement du Japonisme dans les milieux artistiques. Les neuf membres du cercle se réunissaient tous les mois à Sèvres autour d’un dîner où l’habit japonais était de mise. Ils dînaient bien sûr avec des baguettes et buvaient du sake !
Rencontre entre Emile Guimet et un moine bouddhiste au Japon, musée Guimet
Félix Élie Régamey (1844 – 1907)
PEINTURE : LA TOUCHE NIPPONE
De tous les artistes fascinés par les arts japonais, les peintres étaient au premier rang et parmi eux, pour ne citer que les plus connus, Monet, Cézanne, Degas, Van Gogh. Les peintres occidentaux trouvent dans les œuvres de leur alter ego japonais une inspiration qui donnera naissance à quelques merveilles :
Hiroshige, Plage des maiko dans la province de Harima
Van Gogh, Oliveraie
Edgar Degas, La chevelure, 1900
Kitagawa Utamaro, Bijin se coiffant les cheveux, 1801
Hokusai Eijiri, Province de Sugura, tiré des 36 Vues du Mont Fuji,1830-33
Monet au Cap D’Antibes, 1888.
Hokusai Eijiri, Le Mont Fuji depuis la plantation de thé katakura, 1830-33
Cézanne Mont Sainte-Victoire, 1886-87
Sans oublier le peintre Henri de Toulouse-Lautrec qui fut également touché de plein fouet par la vague du japonisme !
Maurice Guibert, Portrait de Toulouse-Lautrec au boa (vers 1887)
Divan japonais, affiche de Toulouse-Lautrec (1892-1893)
LE JAPONISME AUJOURD'HUI ?
Il semblerait bien que depuis la fin du 19ème siècle, l’engouement pour la culture nippone n’ait en rien perdu de sa vitalité et ce, dans de nombreux domaines créatifs !
Voici une mini sélection «coups de cœur» d’artistes inspirés qui s’inscrivent dans la lignée du Japonisme d’antan et qui nous ravissent ! Pour la beauté des yeux et la paix du cœur.....
Coralie Seigneur, céramiste
Théière en grès modelé cuit à haute température, émaux de cendre
Lætitia Pineda, céramiste
Bol à thé Kohiki, cuisson au charbon de bois dans le «puits du feu»
Sandrine Thommen, illustratrice
Illustration pour la revue Reliefs #1, 2016
Michel Bras, chef étoilé
Bar Ikejimé assaisonné au parfum d’estragon du Mexique, chou-fleur et girolles
Photo via www.assiettesgourmandes.fr
Martin Margiela, couturier
Ballerines tabi
Delphine Roux, écrivaine
Roman «Kokoro», éditions Philippe Picquier et roman illustré par Qu Lan
Vous connaissez vous aussi sûrement des artistes grandement inspirés par le Japon, n’hésitez à partager vos coups de coeur avec nous !